Le voyage impérial en août 1858

La Bretagne sous le Second Empire  (Autour du voyage officiel d'août 1858).

Le vaisseau "la Bretagne", qui a quitté Cherbourg la veille, entre en rade de Brest. À son bord, l'empereur Napoléon III, l'impératrice Eugénie, le prince impérial âgé de deux ans à peine, ainsi que plusieurs ministres. Brest est la première étape d'un voyage officiel d'une durée de onze jours au cours duquel le couple impérial va parcourir la Bretagne. Napoléon III et Eugénie visiteront successivement Brest, Quimper, Port-Louis, Auray, Vannes, Saint-Brieuc, Napoléonville (Pontivy), Saint-Malo, et Rennes, où s'achève ce long périple.

Ce voyage est une opération très politique. Une opération de propagande savamment orchestrée. Il s'agit, pour l'empereur, de consolider sa popularité dans une région où la présence de notables monarchistes influents – au moins dans les campagnes - rend difficile le dialogue que la monarchie plébiscitaire souhaite établir entre le peuple et le souverain. L'empereur entend soustraire les Bretons à l'influence électorale des châtelains. Le Finistère et le Morbihan ne figuraient-ils pas parmi les rares départements français où, lors des élections présidentielles du 10 décembre 1848, le candidat Bonaparte ne put se targuer d'avoir obtenu la majorité des suffrages ?

L'empereur met en scène sa grande libéralité, distribuant à chaque étape de son périple, de généreux subsides. Destinés, par exemple, à l'édification de fontaines (Vannes), à la construction de quais (Saint-Malo), à l'érection d'une église (Pontivy), .... Le voyage de 1858 s'inscrit dans un contexte de grande prospérité, propice à la modernisation des équipements et de l'économie. Les deux décennies du règne de Napoléon III ont vu, notamment, la construction de lignes de chemin de fer, de gares, d'ouvrages d'art (le viaduc de Morlaix), l'édification de nombreux bâtiments publics, la mise en place d'un réseau de canalisation. On peut encore mentionner les opérations de défrichement des landes ou la fondation en 1864 de la commune de Colpo, à l'initiative de la princesse Elisa Baciocchi, cousine de Napoléon III.  Si l'effondrement de l'empire au lendemain du désastre de Sedan en 1870 a entraîné l'effacement de la plupart des traces institutionnelles rappelant l'existence du régime (blasons, statues, etc.), le paysage contemporain conserve encore l'empreinte de cette période marquée par de profonds bouleversements. 

Mr  François PLOUX :  Enseignant-chercheur, Professeur à l'UBS (Université de Bretagne Sud)

 

Ce sujet vous intéresse !     

Pour souscrire à l'ouvrage conçu par les Presses Universitaires de Rennes, en partenariat avec l'UTL de Bretagne ...

Pour profiter de l'offre reservée aux membres de l'UTL, au tarif préférentiel de 22 €, au lieu de 29 € (offre valable jusqu'au 30 juin 2022)